"Tranquil, Tranquil"

C'est la phrase qui représente le mieux l'île de San Nicolau, et il faut dire que c'est leur proverbe favori, et ça se comprends !


Le départ de Palmeira se fait sans (trop) d'accrocs, mais il faut quand même manoeuvrer en marche arrière au milieu des autres bateaux de nuit, donc ce n'est pas de tout repos non plus !

Une nouvelle île nous attends, avec son lot de rencontres et de paysages, allons-y !


La traversée de nuit fut relativement tranquille, une bonne baisse de vent vers 4h du matin (pile poil pour le quart de Jean-Luc, le pauvre !), qui nous oblige à mettre le moteur vers 10h, car sinon nous risquions d'arriver de nuit, et comme expliqué, nous souhaitions absolument l'éviter !

Pendant le départ les dauphins étaient au rendez-vous, mais de nuit, je ne pouvais que les entendre sauter ! (ce qui est assez impressionnant car ça donne l'impression qu'il y en a partout !)

De jour nous avons vu des jets de baleine au loin ! Cela est inutile de se rapprocher, mais c'est tout de même impressionnant à voir !

L'approche se fait tranquillement, et juste avant d'arriver près de la côte de l'île, la ligne de traîne s'emballe !

Maintenant notre manœuvre de pêche est bien huilée, nous remontons la prise : un joli thon rouge d'une dizaine de kilos ! Parfait, le repas de ce soir est donc défini !


Nous commençons donc à arriver tranquillement le long de la côte, qui est elle aussi très aride ! Peu de végétation, beaucoup de roche brune,... Et, dans une anse, une oasis verte, nous voyons des acacias, des palmiers, derrière une petite plage, c'est bien là, le village de Carrical.


Carrical

Nous voyons 6 bateaux au mouillage, ça fait du monde quand même ! On aperçoit même les copains d'Embellie V : Pantaï ! Ils passent nous accueillir en annexe, et nous indiquent qu'Embellie V est parti le matin même, dommage ! Je vais boire un bière avec eux dans le village, et je rencontre ainsi un peu des habitants d'ici.


Le village est constitué quasiment uniquement de pêcheurs qui viennent pêcher de côté Sud de l'île quand les alizées sont établis, car au Nord de l'île, la houle et le vent sont trop importants pour leurs barques de pêcheurs. Même si le poisson y est plus gros, c'est trop dangereux pour eux de s'y aventurer.

Le village doit compter environ 250 habitants, tous habitants dans des maisons identiques, et la vie y est vraiment paisible. Il y a tout de même une école primaire (il faut savoir que le Cap-Vert à un taux de scolarisation proche de 95% !), et un joli terrain de foot !

Et 3 "bars", qui en fait ne sont que des maisons où un frigo et quelques étagères sont là pour proposer quelques produits à vendre, dont du grog, et des bières !


De retour sur le bateau pour savourer notre belle prise, nous décidons de passer une bonne nuit, et d'aller visiter le village le lendemain.


La gentillesse des locaux

Le lendemain nous allons visiter le village, visiter cette oasis (où il y a des vaches !), et observer les pêcheurs ramener et vider leurs prises devant les acheteurs potentiels, venant de tout le reste de l'île (certains prennent des photos, tout comme nous !).

On sent d'ailleurs l'expérience dans les mouvements, et tout est précis !


Nous retournons manger sur le bateau, en se disant que nous irons boire une bière le soir, afin d'essayer de rencontrer un peu des locaux !

Et ça fonctionne, le soir au bar, nous faisons la rencontre de Manuel, un pêcheur âgé, qui nous invite à manger chez lui, et, afin de le remercier, nous les invitons le lendemain à manger sur le bateau à midi ! Tout enjoué, il nous dit que le matin Versili (Jeune pêcheur âgé de 18 ans) ira pêcher au harpon et prendre des poulpes, pour les cuisiner à midi.

Nous sautons sur l'occasion pour aller pêcher avec lui ! Nous avons envie de participer au repas !

Tout le monde est OK, rendez-vous le lendemain avec Versili au ponton de pêche pour aller chasser au harpon !


Le lendemain nous partons donc avec lui pêcher, et on a tout de suite senti la différence, à peine arrivés sur le lieu de la chasse, nous étions encore à mettre nos palmes, qu'il avait sa première prise !

L'endroit était un vrai aquarium (j'ai d'ailleurs passé plus de temps à regarder les poissons qu'à pêcher, Jean-Luc ayant le harpon), et Versili était dans son élément, chaque fois qu'il plongeait, c'était pour remonter une prise !

Il déloge avec aisance les poulpes cachés dans les rochers, j'ai même pris du temps pour l'observer tellement c'en était impressionnant !

Sur le deuxième spot de pêche, je pêche mon premier poisson au harpon ! Certes, vu le nombre de poisson, j'aurais pu tirer à l'aveugle, mais je suis quand même fier !

Nous remontons sur le bateau pour préparer le repas, et faire un peu le décompte :

  1. Versili : ~20 poissons & 3 poulpes
  2. Jean-Luc : 4 poissons
  3. Merwan : 1 poisson

De toute façon, on est pas là pour faire un concours (et heureusement d'ailleurs ^^') !


Versili et un ami à lui écaillent et vident les poissons à une vitesse vertigineuse, vident les poulpes et nous expliquent comment les cuisiner.

Manuel arrive aussi avec Erikson, un autre pêcheur (34 ans), et on prends l'apéro !

Nous leur faisons visiter le bateau (il faut savoir que pour Erikson et Versili, c'est la première fois qu'ils montent sur un bateau, pourtant le nombre de bateaux passant par ce mouillage doit être important, mais bon....), ils sont émerveillés par la petite taille, les instruments à bord, et ce dans quoi nous vivons !


Nous partageons un bon repas avec eux, nous leur faisons gouter du rhum martiniquais (que Manuel a particulièrement bien aimé), puis nous allons au village, afin de préparer le poisson pour le grand barbecue de ce soir !

La recette est simple, de l'huile d'olive, du bouillon cube, de l'ail, et on laisse mariner un peu !


Nous partageons nos prises avec l'ensemble des gens du village présent, en appréciant ce joli coucher de soleil en toile de fond.

C'était un moment assez particulier, un moment d'échange simple, et de bonheur partagé, ils n'ont pas grand chose et n'ont pas hésité à le partager avec nous, et ils sont fiers de nous montrer qu'ils sont de bons pêcheurs.


Nous repartons le soir sur notre bateau, à coup de grande accolades, et nous repasserons le lendemain pour leur dire un dernier au revoir.


Nous repartons ainsi le cœur pleins d'émotions, et surtout étonnés de la gentillesse et du sens du partage dont ils ont fait preuve alors qu'ils n'ont presque rien.

C'est un peu une leçon de vie que nous avons appris ici, et on sent qu'ils n'ont rien à envier à nos pays "civilisés".


La prochaine destination est Tarrafal de San Nicolau, ne serait-ce que pour prendre du réseau, et aussi continuer de visiter cette île qui nous paraît pleine de ressources !