Mais où on est tombés là ?

C'est un peu le sentiment que nous avons eu lorsque nous sommes arrivée à l'entrée de la baie de Nouadhibou.

A l'entrée de la baie, nous voyons quelques cargos au mouillage, quelques bateaux partant pêcher, dont un avec qui il nous semble que nous ayons une route de collision.

Petit coup d’œil à l'AIS, ce bateau ne semble ne pas en avoir ! Pourtant vu sa taille, il pourrait être utile pour lui (comme pour les autres bateaux) d'en avoir un mais bon...

Pas de soucis, on le garde en vigilance, et on modifie notre route pour le laisser passer devant nous.

Tiens, il modifie sa route ? Bizarre, on dirait qu'il se dirige vers nous...

On modifie encore de route afin de l'éviter, et il se rapproche rapidement !

Sur le bateau ça commence à être la panique, on allume le moteur, on est très prés de ce bateau, et si jamais on lui rentre dedans, ça le fera sourciller, et nous, par contre, on rigolera beaucoup moins !

Et, lorsqu'il est à notre niveau, on voit donc que c'est un bateau de pêche, et tous les pêcheurs étaient sur le pont en train de nous faire de grand signes !

Biensûr, on est polis, on leur rends la pareille, mais avec Jean-Luc nous sommes consternés : Ils auraient essayés de se rapprocher juste pour nous saluer ?...


Bon, plus de peur que de mal mais quand même, ça fait l'effet d'un électrochoc de voir un bateau assez important essayer de vous "rentrer dedans".


Sacré comité d'accueil

Nous arrivons donc dans la baie, un bateau labellisé "Guardia Civil" nous tourne autour, et nous demande notre port d'origine, notre destination, et nous prends en photos (on s'est demandé s'ils nous prenaient en photo dans le cadre de leur boulot ou car ils n'avaient pas vu de voilier depuis longtemps).


Plus nous avançons, plus nous commençons à deviner la ville, d'abords, une mine de jenesaisquel minerai avec des cargos étant probablement en train de se charger, puis une anse, avec un nombre incalculables d'épaves disséminées tout autour du port (d'ailleurs, nous avons du zigzaguer entre les épaves immergées dans toute la baie), et au fond, la ville.

En même temps que la ville se dessine, une odeur nous arrive peu à peu, et plus on avance, plus elle se renforce, et cette odeur devient vite à la limite du supportable... Pour imager l'odeur que nous avions dans la baie, il faut imaginer laisser mariner 1 kg de poisson bien faits, dans un 1 bon litre de gasoil de mauvaise qualité, le tout au soleil pendant des mois.


Côté vision, il y a tellement d'épaves que nous avons du mal à déterminer l'entrée du port, nous arrivons même à nous demander s'il y a réellement un port !

Après plusieurs allers-retours entre la carte et l'horizon, il nous semble que le port devrait se trouver au cap 290°...


On se dit que, bon, on va essayer d'appeler à la VHF voir si quelqu'un pourrait nous aiguiller un peu ?

Sur le canal 9 (canal utilisé en Europe par les capitaineries), aucune réponse, on passe donc sur le canal 16, canal réservé aux urgences, et là on entends de toutes les langues, du chinois, du russe, du français,...

On appelle, et au bout du 3e appel, quelqu'un nous réponds, et nous indique de nous mettre "derrière le gros bateau bleu, à côté de l'autre voilier français" ! Double surprise ! Un autre voilier ici ? Qui plus est, français ?!

On passe donc derrière le "gros bateau bleu", et, miracle ! Nous trouvons en effet un autre voilier français au mouillage, au milieu de ce qui semble être un quai de réparation de bateaux !


On pose l'ancre, et on file les rencontrer ! Tellement contents de voir d'autres français !

C'est donc ici que nous rencontrons les copains d'Embellie V (Alain, Nathalie, Luc et Jules) avec leur beau projet caritatif dont vous pourrez suivre les aventures ici => https://embelliev.travelmap.net/


Ils nous expliquent que le visa pour sortir du port coûte 55€, et que c'est assez folklorique sur le port, et que d'ailleurs, le consul français de Mauritanie est invité à manger sur le bateau et que nous pourrons le rencontrer !


Nous sommes interpellés par quelqu'un sur le ponton au loin, c'est Junior, le capitaine du port, qui s'égosille en nous disant qu'il faut que nous allions faire les papiers.


Les formalités

C'est ce que nous faisons, nous allons donc sur le port, et nous rejoignons Junior dans son bureau de la capitainerie, et il faut l'avouer, la scène était surréaliste.

Le bureau était dans un état de délabrement avancé, les planches de support ne tenaient que grâce à une quelconque magie, sur le bureau un ordinateur à l'état d'épave était présent, ainsi qu'une foule de papiers et de documents éparpillés dans tous les recoins du bureau.

D'ailleurs, Junior quant à lui avait un style particulier, cravate pas serrée, chemisier auquel il manquait des boutons, et il se présentait fièrement comme le capitaine du port.

Il nous donne les papiers à remplir, et là, stupéfaction, le formulaire comporte le numéro 4, et après confirmation avec les copains d'Embellie V, nous sommes bien les 3e et 4emes voiliers de l'année à poser l'ancre en Mauritanie...

Une fois les papiers remplis, Junior nous emmène voir la gendarmerie afin de voir "s'ils ont des questions à nous poser", premier "poste", un officier en train de faire son thé sur une Butagaz à laquelle un embout flambeur avait été déposé, qui n'a aucune question à nous poser, deuxième "poste" 3 officiers en train de manger un couscous à main nues, qui n'avaient également aucune questions à nous poser.

Junior nous confirme que pour faire le visa c'est bel et bien 55€, même pour aller faire ses courses au marché juste au bout du port.

De plus, il nous explique que pour faire le visa, il faut se faire escorter par la police jusque l'aéroport, seul endroit pour réaliser des visas, et revenir ensuite.

Il nous promet également de l'eau, qui ne nous ferait payer "qu'à partir d'une tonne", eau dont ne nous verrons jamais la couleur d'ailleurs.


Le consul

Le soir, nous sommes donc invités par Embellie V à venir manger sur le bateau, avec le consul français de Mauritanie.

D'ailleurs, Embellie V a un sacré sens de l'accueil, et ce fut un plaisir de partager ce super repas avec eux !

Le consul après nous avoir raconté toute son histoire (de ses débuts de carrossiers, jusqu'à consul en Mauritanie, en passant par la pêche à l'espadon à la Réunion) me déconseille de prendre le visa pour se rendre à terre, il me dit que pour voir le pays il faut planifier ça longtemps à l'avance, et que même la location de voiture est difficile et qu'autour de Nouadhibou, peu de choses valent le détour.

Nous rentrons donc sur Zazou, un peu déboussolés, mais surtout déçus, de par l'accueil reçu, mais aussi par la qualité du port, pas d'eau, pas d'électricité, une odeur insoutenable, et un visa de 55€, même pour aller faire des courses...


Le lendemain, nous décidons d'aller chercher de l'eau, et passer quelques coups de fils depuis le bureau de Junior. Ne voyant pas l'eau arriver, et sentant que nous ne pourrons rien faire ici, ni une ni deux, nous levons l'ancre !


On se dit qu'ici nous n'obtiendrons rien de plus, et que nous serons sûrement mieux au Cap-Vert ! C'est toujours dommage d'être déçu d'une escale, mais nous ne pouvions pas le savoir avant, et, nous sommes convaincus que par la terre, ce pays doit être plein de ressources à voir et à visiter, mais par la mer, il n'a pour l'instant que très peu à offrir.


Le temps de revenir au bateau, et nous levons l'ancre, direction la première grosse étape : Le Cap-Vert !