L'atlantique, le vrai


Comme expliqué auparavant, la météo paraissait être très stable, et surtout, dans notre sens !


Il est vrai que tous les avis et conseils étaient unanimes : Normalement, à partir des Canaries, ça devrait aller "mieux".


Mais bon, avec Jean-Luc on croit plus trop aux légendes maritimes, et aux différentes vérités commençant par "Normalement", on va voir par nous mêmes, et nous serons fins prêts si jamais.


Cette fois-ci, on s'organise mieux pour les quarts et sur la répartition des tâches, et on met en place une procédure "coup de vent".


Tout cela afin d'optimiser notre gestion du sommeil, des temps de récupération et de navigation, et pouvoir être au top de notre forme quand le coup de vent arrivera.

La procédure "Coup de vent" est assez simple en fait : si l'on sent l'arrivée d'un coup de vent (vent qui monte, nuages gris pas gentils au loin), Jean-Luc prends le maximum de temps pour se reposer, et affronter le coup de vent dès qu'il est là, mon rôle étant de tenir le maximum de temps la barre et me reposer quand le coup de vent est là.


L'organisation théorique est là, mais maintenant il faut la confronter aux conditions réelles, et ajuster selon ce qui nous semble être le plus adapté pour nous.


Direction la Mauritanie donc, la ville de Nouadhibou plus exactement, dont n'avons pas su trouver énormément d'informations, ni sur internet, si dans les différents guides à notre disposition.


La seule information que nous avions, était qu'il fallait rester loin de la côte car les fonds descendent très lentement, essayer d'arriver de jour, en effet la baie semble être jonchée d'épaves, et tous les pécheurs des environs naviguent sans AIS, et de nuit, il est très difficile de les voir.


Nous partons donc réellement pour l'aventure, quittant définitivement l'Europe, et en direction de notre première escale Africaine du voyage.


La première journée de navigation fut la plus difficile, non pas à cause du temps, qui lui est resté stable comme annoncé (20 Nds NE, houle formée mais pas exagérée), mais à cause du rythme à prendre.

Sur cette traversée là, nous avons opté pour des quarts de 4h, et il est vrai qu'au début ça n'est pas simple de se lever à 4h du matin pour prendre la barre jusqu'au lever du soleil !


Dans les traversées de longue durée, un des adages bien connus des marins parle des 3 (ou 4) "F" : Faim, Froid, Fatigue (et Frousse), si ces 4 éléments sont bien gérés, on peut affronter presque n'importe quel temps.

Or, dans notre cas, c'est la fatigue qui était le plus gros "danger", nous décidons de ne prendre qu'un seul petit repas le soir, afin de ne pas souffrir de la digestion pour celui qui prends son quart, et de mettre en place de la musique uniquement à l'extérieur du bateau !


Et, au bout de 2 jours, on commence à prendre le rythme, il faut surtout écouter son corps, manger quand on a faim, dormir quand on a sommeil, et ne pas essayer de lutter contre un besoin, car cela pourrait bien se retourner contre nous.


Niveau vitesse, on file bien, nous avons une moyenne de 5.5 Nds, et nous réalisons la traversée sans croiser un seul bateau ! A croire que nous sommes les seuls fous à nous aventurer en Mauritanie !

Niveau pêche, c'est beaucoup moins foisonnant, nous avançons un poil trop vite pour que les poissons s'accrochent bien, et lors d'une prise, nous essayons de ralentir le bateau, et étant à la voile cela devient vite complexe, voire dangereux.


Au bout de 5 jours, nous apercevons la côte, en fin de nuit, donc le timing est parfait, l'arrivée se fait de jour.


Nous ne savons pas du tout à quoi nous attendre, mais nous sommes tous les deux très impatients d'arriver, nous verrons ce que nous réserve la Mauritanie !