Quittons cette Méditerranée de fou !


On se met ensuite à prévoir notre traversée du détroit, car dans un détroit il y a énormément de courant (il peut y avoir jusqu'à 3Nds de courant !), et il faut que plusieurs conditions soient remplies pour le passer sereinement :

  1. Il faut connaître les heures de marées haute/basse (=courant)
  2. Avoir un vent portant au mieux, mais surtout pas contraire dans le détroit
  3. Regarder la météo qui suivra la traversée du détroit car ensuite s'entame la navigation jusqu'au Canaries !


Nous faisons la rencontre de Michel, un navigateur français, qui est parti peu après nous, et qui a pris quasiment les mêmes coups de vent que nous, tellement qu'il y laissé sa bôme au large des Baléares !

Il nous confirme ce que nous avions entendu, c'est à dire qu'un vent d'est (dans notre sens donc) devrait se lever mardi, et durer un peu pour pousser au large, mais ensuite pétole.

Malheureusement, le prochain créneau remplissant ces conditions est dans une semaine, et une semaine à Gibraltar, ça donne pas forcément envie...

On confirme ça sur la météo, les heures de marées haute sont 3h-15h (un cycle complet de marée dure 12h), et pour avoir le courant avec nous, il faut que nous soyons dans le détroit, 3 heures après la marée haute, c'est à dire 18h.

On voit sur la météo des jours d'après la pétole, mais également une tempête au large du Portugal, qui devrait descendre un peu pour rentrer dans Gibraltar, qui nous permettrait d'avoir un bon vent pour rejoindre les Canaries.

Pas de spoil, mais le schéma Pétole-Tempête "au loin", ça vous rappelle pas quelque chose à vous ?


Ayant fait toutes les courses, le plein d'eau et de gaz, et le nettoyage du bateau, on se dit que nous n'avons finalement aucune raison d'attendre une semaine, on prends donc ce créneau !

On décolle donc le mardi vers 12h, on profite d'un petit tuyau de Michel, qui nous indique que nous pouvons faire le plein d'essence côté Gibraltar pour avoir des prix vachement plus attractifs (0,80€/l), et nous attendons ensuite l'heure indiquée.

On a d'ailleurs attendu à quelques mètres de la piste d'atterrissage/décollage des avions.


L'heure arrive, on décolle ! Décollage à 16h30 du mouillage à côté de la pompe à essence, le temps d'arriver en bas de la baie, pour être vers 17h30-18h dans le détroit, et profiter du courant pour nous sortir de là !


En arrivant dans le détroit, le vent d'est est en effet bien là, le courant aussi, on avance super vite !

Petit couac, les reliefs aux abords de la fin du détroit amplifient le vent, et la houle qui va avec, et étant proches des côtes, cela peut être dangereux, on décide donc de prendre 2 ris dans la Grand Voile, et de réduire un peu notre Génois, afin de rester manœuvrant et ne pas se faire diriger par le vent et la houle.

La prise de ris consiste à réduire la taille de la GV en placant plus haut le point de tension de la voile, ce qui permet d'avoir moins de surface qui travaillera avec le vent. Cela se traduit par une perte de vitesse (mais dans la plupart des cas, pas nécessairement, le vent étant plus fort), mais surtout par une meilleure maniabilité et réponse du bateau.


Manœuvre réalisée, on avance toujours aussi vite, et nous avons donc passé ce détroit en quelques heures, et nous voilà donc au large du Maroc, et ainsi dans le grand ATLANTIQUE !


Attendons de voir si les rumeurs à son sujet sont vraies...