Le comité d'accueil


Maintenant que ce détroit est passé, cette Méditerranée de malheur est derrière nous ! A nous les vents stables, les alizés, le soleil, et la chaleur !

Ahahahah - Océan Atlantique


La pétole

Après avoir profité pendant quelques heures du vent d'est qui nous a sorti de Gibraltar, nous le savions, une pétole était annoncée, et en effet, elle est arrivée, et bien comme il faut, on avoisine les 4Nds de vent et ça ne permet pas trop d'avancer !


Mais bon, on se dit que c'est un mal pour un bien, car normalement, un vent de Nord devrait arriver d'ici 2 jours maximum, et nous permettre de nous pousser jusqu'en bas, alors on attends !


On oscille donc entre pas ou peu de vent, ça nous permet d'avancer un peu, on se dit qu'il faut quand même essayer de prendre de l'avance car on n'aimerais pas non plus être trop haut quand la tempête va arriver.

Puis, au bout du 2e jour, on s'inquiète un peu, on est encore bien haut, et la pétole commence à durer, dans ce cas là, le moteur est de rigeur, on se dit qu'on va essayer de rejoindre Casablanca, prendre la météo, et aviser entre rester au port, ou continuer,.

Hop, on est donc partis pour 24h de moteur, direction Casablanca !


Une fois au large de Casablanca, on arrive à reprendre du réseau, ni une ni deux, on prends la météo (qui nous aura coûté vachement cher vu le prix du Mo au Maroc avec nos forfaits Français), elle n'annonce que des bonnes nouvelles !

Le vent devrait repartir d'ici une demi-journée, et la tempête est moins forte que prévue au large du Maroc (par contre elle est méchante au large du Portugal).

On se dit, et bien allons-y !

En plus, apparemment les formalités administratives au Maroc sont contraignantes, et on a pas vraiment envie de s'embêter pour rester 2 jours dans un port.


C'est donc tous confiants que nous continuons notre route, malgré notre écart, qui bien qu'il était en descendant, nous a fait perdre un temps précieux !


La tempête

Ce qui est bien avec l'Atlantique, c'est que tout est long, stable, mais ça veut aussi dire que les tempêtes aussi !


Car après notre reprise de route après Casablanca, nous faisons une bonne journée de navigation avec un vent portant, on avance bien (et on pêche bien ! Les prises sont différentes cette fois-ci !), mais vers la fin de la journée, on sent le vent qui se lève un peu, hop on range le Gennaker, et on se remet au Génois.

A ce moment là, le 6e sens (ou 7e je sais plus trop) de Jean-Luc se met en marche, je le vois sortir les harnais, les sangles, il prépare l'étai largable pour mettre le tourmentin, même moi, je sens au fond de moi que quelque chose se prépare, mais je re-regarde régulièrement la météo, ainsi que le baromètre, et je me dit, que non, la tempête est pas prévue d'aller aussi bas, c'est juste le vent qui est un peu plus fort que prévu, rien de grave en soi !

L'étai largable est un long câble de fer relié au haut du mat, qui permet de mettre des voiles plus petites et plus rigides à l'avant du bateau, qui servent généralement lors de gros temps, car comme expliqué avant, plus le vent est fort, moins il faut de toile pour avancer à la même vitesse.

Le tourmentin est quant à lui la plus petite voile disponible sur un voilier, sur le notre elle fait 4m², et c'est la voile que l'on sort lorsque le très gros temps est là, car comparé aux autres voiles c'est un "string".


Malheureusement, l'intuition est toujours plus forte que les éléments pseudo-factuels (la météo).


Le vent monte, petit à petit, doucement mais sûrement, plus de rafales comme en Méditerranée, mais ça n'en est pas moins inquiétant.

Le vent ayant bien forci (on approche les 30Nds), on décide de prendre cette fois-ci 3 ris dans la GV, ainsi que dans le Génois, ce qui nous permet d'être manœuvrant, tout en ayant une vitesse proche des 7 Nds.

Du côté du baromètre, la pression reste au beau fixe, ce qui est inquiétant, car cela signifie que le nous n'avons pas passé la frontière entre l'air froid et l'air chaud, et donc que la tempête est en train de descendre dans notre direction.


Les côtes marocaines étant très hautes en terme de fond, et ce, très loin de la côte, il est extrêmement dangereux de s'en approcher lors de coup de vent, car la houle peut y être très très haute.


Nous sentons donc la tempête arriver, mais sans vraiment moyen de pouvoir y faire quoi que ce soit. Et elle est là, le vent reste autour des 35-40 Nds, la houle commence quant à elle aussi à se former, et la houle en Atlantique c'est quelque chose ! Elle n'était pas forcément plus grosse que celle que nous avons connue en Méditerranée, mais elle est très longue et assez impressionnante.


Nous voilà partis pour 36h de tempête non-stop, Jean-Luc à la barre, et moi aux instruments, tentant de l'aider autant que possible.

A la fin de la première nuit, on espère tous les deux que cela va se calmer, mais aucun signe ne nous permet d'espérer quoi que ce soit, chaque nuage étant plus menaçant que le précédent, et contenant son lot de vent/pluies plus violents les uns que les autres.


Même si à ce moment là le cap nous importait peu, la tempête nous permet de descendre, et à une vitesse spectaculaire, on avance donc bien vite, en espérant se sortir de ce mauvais temps en vitesse.


Après les 24 premières heures, la tempête faiblit un peu, et la fatigue gagne du terrain, je reprends la barre afin que Jean-Luc essaye de dormir un peu, mais n'y arrivant pas, il la reprends jusqu'à minuit environ, heure à laquelle on sent que les vents sont moins forts et que la tempête est plus derrière que devant nous (ouf !).


"Grâce" à la tempête nous avons quasiment rattrapé tous le retard accumulé avec les 2 jours de pétole et le détour par Casablanca, nous ne sommes plus qu'à 24h environ de notre objectif, et ça, ça met du baume au coeur, et ça regonfle bien la motivation, surtout l'idée de dormir au calme dans un port et se ressourcer un peu.


C'est le soir suivant que nous voyons notre objectif, enfin la terre, des lumières, un endroit sans houle !


Le vent s'est bien rétabli, malgré quelques nuages entrainant une hausse du vent rapide, il est stable et nous pousse bien jusqu'à l'île de Lanzarote, où nous visons Arrecife afin de rester quelques jours.


Encore une fois, le comité d'accueil a été plutôt sympa, l'ambiance était au rendez-vous, les décors aussi, et puis, aucune déception par rapport aux attentes, l'Atlantique nous a accueilli comme la Méditerranée l'a fait, en nous montrant l'étendue de sa puissance.